Le péché

Péché, faute morale et sentiment de culpabilité

1. La notion de péché a-t-elle encore un sens aujourd’hui ?

Actuellement, le mot péché n’est pas très bien vu ; il évoque le moraliste qui donne des leçons. On hésite à appeler quelque chose "péché". La notion de péché semble s’opposer au respect de la liberté humaine et à l’épanouissement de la personnalité. Cette notion est souvent confondue avec le sentiment de culpabilité qui lui apparaît comme le résultat maladif de tabous inconscients. Pour beaucoup, commettre un péché c’est faire ce qui est défendu. Pour les psychanalystes, il n’y a pas de pécheurs, seulement des malades. Ces idées actuelles sont une vive réaction contre une époque janséniste et une conception du péché caractérisée par la crainte du châtiment éternel si on désobéit aux commandements de Dieu et de l’Église.

2. Le sentiment de culpabilité et le péché ?

Le péché est une notion religieuse, tandis que le sentiment de culpabilité est une réalité psychologique, un état affectif. Le sentiment de culpabilité entraîne le remord. Le sentiment de culpabilité et le remord peuvent être maladif et même névrotique et ne pas correspondre à un péché. Mais il peut souvent exister un lien entre culpabilité et péché en ce sens que le péché peut s’accompagner d’un sentiment de culpabilité.

3. Le christianisme n’ a-t-il pas mis la personne humaine dans un état permanent de culpabilité ?

Une présentation janséniste du Christianisme, avec une figure sévère du Dieu juge, a certainement renforcé le sentiment de culpabilité et la crainte, et même l’angoisse, de l’enfer éternel. Elle a donné une certaine figure au sacrement de pénitence comme moyen nécessaire pour éviter le châtiment.

Mais le message de l’Évangile nous libère plutôt du sentiment de culpabilité en nous montrant l’amour miséricordieux du Bon Pasteur et du Père de l’enfant prodigue. Reconnaître son péché, c’est une démarche libératrice qui nous rapproche de Dieu par la conscience que nous avons besoin de son aide.

4. Différence entre la "faute" et le "péché" ?

Pour bien comprendre ce qu’est le péché, il faut le situer par rapport à la notion de faute. Les notions de péché et de faute ne sont pas sur le même plan. La faute est une notion morale. Elle désigne un acte répréhensible aux yeux de la conscience parce qu’il atteint l’homme. Elle appelle le regret ou le repentir.

Le péché est une notion religieuse, biblique. C’est une offense à Dieu, un manque d’amour de Dieu qui atteint la relation entre l’homme et Dieu. On se reconnaît pécheur non pas en se regardant, mais en regardant l’amour de Dieu pour nous. Le péché appelle la contrition c’est-à-dire le regret sincère, voire la douleur, d’avoir offensé Dieu.

Il y a un lien entre la faute et le péché. En effet en atteignant l’homme, la faute morale atteint aussi Dieu qui est présent dans l’homme.

5. Tentation et péché

Dire non à la tentation pour ne pas tomber dans le péché. Pécher, c’est succomber à la tentation, mais être tenté n’est pas un péché.

La prière est la meilleure prévention contre la tentation. Dans la prière du Notre Père, nous disons : Ne nous laisse pas tomber dans la tentation ! Ne nous laisse pas entrer dans la tentation, succomber à la tentation !

Documents sur le péché

Le péché dans les Évangiles et selon saint Paul

1.Le péché dans les Évangiles ?

L’Évangile parle plus du pardon que du péché. Il aborde le péché à partir de l’initiative divine qui vient instaurer son royaume et manifester sa miséricorde. Jésus appelle à la conversion, non pour échapper à la colère divine, comme le fait Jean Baptiste, mais pour accueillir la Bonne nouvelle du Royaume et du pardon (Mc 1,15). Jésus va au devant des pécheurs, car il n’est pas venu pour les bien-portants, mais pour les malades. Il pardonne au paralytique (Mc 2,5), à la femme pécheresse (Luc 7,48), à la femme adultère (Jn 8,11), à Zachée (Luc 19,9-10) et sur la croix à ses bourreaux (Luc 23,34). Il montre la miséricorde divine par les paraboles de la brebis perdue et du fils prodigue (Luc 15).

Cependant, Jésus annonce aussi la condamnation et le châtiment des incrédules qui refusent d’accueillir sa parole de miséricorde (Mt 11,20-24 et Mt 13,42) et il affirme que le péché contre l’Esprit saint n’aura pas de pardon (Mc 3,28-30). Il ne peut être pardonné, car il est le refus du pardon que Dieu offre à l’homme par l’Esprit Saint...

Ce qui manifeste la gravité dramatique du péché, c’est que Jésus a affirmé à la Cène que son sang est versé pour le pardon des péchés. (Mt 26,28)

2. En quoi consiste le péché selon saint Paul ?

Dans la Bible, le mot "péché" a plusieurs sens qui ont un lien étroit entre eux. Le péché est d’abord un acte imputable à une personne : c’est un manque d’amour pour Dieu et une désobéissance à ses commandements.

Cependant le péché n’est pas seulement un acte, comme on le pense parfois, c’est aussi un état subi. St Paul montre qu’il y a en nous une tendance mauvaise qui nous pousse à faire le mal. Il l’appelle "le péché" au singulier et non pas "les péchés", les actes peccamineux. Sans le Christ, l’homme est esclave du péché (Rom 6, 17-20 : "Je fais le mal que je ne voudrais pas faire" (Rom 7, 15-20).

Cette tendance au mal qui fausse la liberté est appelée par la tradition "concupiscence". C’est un aspect du "péché originel" en nous.

Le péché originel

1. La notion de péché originel

L’homme a laissé mourir dans son cœur la confiance envers son créateur (cf. Gn 3, 1-11) et, en abusant de sa liberté, a désobéi au commandement de Dieu. C’est en cela qu’a consisté le premier péché de l’homme (cf. Rm 5, 19). Tout péché, par la suite, sera une désobéissance à Dieu et un manque de confiance en sa bonté.

Dans ce péché, l’homme s’est préféré lui-même à Dieu, et par là même, il a méprisé Dieu : il a fait choix de soi-même contre Dieu, contre les exigences de son état de créature et dès lors contre son propre bien. Constitué dans un état de sainteté, l’homme était destiné à être pleinement " divinisé " par Dieu dans la gloire. Par la séduction du diable, il a voulu " être comme Dieu " (cf. Gn 3, 5), mais " sans Dieu, et avant Dieu, et non pas selon Dieu " (S. Maxime le Confesseur).

Quoique propre à chacun, le péché originel n’a, en aucun être humain, un caractère de faute personnelle. C’est la privation de la sainteté et de la justice originelles, mais la nature humaine n’est pas totalement corrompue : elle est blessée dans ses propres forces naturelles, soumise à l’ignorance, à la souffrance et à l’empire de la mort, et inclinée au péché (cette inclination au mal est appelée " concupiscence "). Le Baptême, en donnant la vie de la grâce du Christ, efface le péché originel et retourne l’homme vers Dieu, mais les conséquences pour la nature, affaiblie et inclinée au mal, persistent dans l’homme et l’appellent au combat spirituel.

2. Le dogme de l’Immaculé Conception

Le dogme de l’Immaculé Conception attribue à la Vierge Marie une position exceptionnelle, puisqu’elle reçoit par anticipation les fruits de la résurrection de son fils : « La bienheureuse Vierge Marie a été, au premier instant de sa conception, par une grâce et une faveur singulière du Dieu Tout-Puissant, en vue des mérites de Jésus-Christ Sauveur du genre humain, préservée intacte de toute souillure du péché originel »

3. Documents

- Le péché originel : les dossiers biblique, liturgique et théologique (de Philippe Louveau)

- Le péché originel : qu’est-ce à dire aujourd’hui (du P. Yves-Marie Blanchard)

Gravité des péchés

1. Différence entre péché mortel et péché véniel ?

Il convient d’apprécier les péchés selon leur gravité. Déjà perceptible dans l’Écriture (cf. 1Jn 5, 16-17), la distinction entre péché mortel et péché véniel s’est imposée dans la tradition de l’Église. L’expérience des hommes la corrobore.

2. Le péché mortel

Le péché mortel détruit la charité dans le cœur de l’homme par une infraction grave à la loi de Dieu, il détourne l’homme de Dieu, qui est sa fin. Il rompt l’alliance avec Dieu et prive l’âme de la vie divine. Les péchés mortels sont ceux qui portent gravement atteinte au prochain ou qui détruisent notre dignité de fils de Dieu et qui sont commis avec la claire conscience de leur gravité et une pleine liberté.

Pour qu’un péché soit mortel, trois conditions sont ensemble requises : "Est péché mortel tout péché qui a pour objet une matière grave, et qui est commis en pleine conscience et de propos délibéré ".

La matière grave est précisée par les Dix commandements selon la réponse de Jésus au jeune homme riche : " Ne tue pas, ne commets pas d’adultère, ne vole pas, ne porte pas de faux témoignage, ne fais pas de tort, honore ton père et ta mère " (Mc 10, 18). La gravité des péchés est plus ou moins grande : un meurtre est plus grave qu’un vol. La qualité des personnes lésées entre aussi en ligne de compte : la violence exercée contre les parents est de soi plus grave qu’envers un étranger.

Le péché mortel requiert pleine connaissance et entier consentement. Il présuppose la connaissance du caractère peccamineux de l’acte, de son opposition à la Loi de Dieu. Il implique aussi un consentement suffisamment délibéré pour être un choix personnel. L’ignorance affectée et l’endurcissement du cœur (cf. Mc 3, 5-6 ; Lc 16, 19-31) ne diminuent pas, mais augmentent le caractère volontaire du péché.

L’ignorance involontaire peut diminuer sinon excuser l’imputabilité d’une faute grave. Mais nul n’est censé ignorer les principes de la loi morale qui sont inscrits dans la conscience de tout homme. Les impulsions de la sensibilité, les passions peuvent également réduire le caractère volontaire et libre de la faute, de même que des pressions extérieures ou des troubles pathologiques. Le péché par malice, par choix délibéré du mal, est le plus grave.

Le péché mortel est une possibilité radicale de la liberté humaine comme l’amour lui-même. Il entraîne la perte de la charité et la privation de la grâce sanctifiante, c’est-à-dire de l’état de grâce. S’il n’est pas racheté par le repentir et le pardon de Dieu, il cause l’exclusion du Royaume du Christ et la mort éternelle de l’enfer, notre liberté ayant le pouvoir de faire des choix pour toujours, sans retour.

Le péché mortel peut être pardonné par le sacrement de pénitence ou par la contrition en attendant de recevoir le sacrement. En confession, seule l’accusation des péchés mortels est obligatoire.

3. Le péché véniel

Il y a aussi des péchés qui ne remettent pas en cause l’orientation de la vie vers Dieu. Sans rompre la communion avec Dieu, ils sont cependant un manque d’amour. On les appelle péchés véniels. On commet un péché véniel quand on n’observe pas dans une matière légère la mesure prescrite par la loi morale, ou bien quand on désobéit à la loi morale en matière grave, mais sans pleine connaissance ou sans entier consentement. Une masse considérable de péchés véniels ne fera jamais un péché mortel, car il ne s’agit pas de quantité, mais de nature différente de péché. Les péchés véniels sont propres à l’homme. On ne peut y échapper qu’en faisant un effort continuel sur soi-même, en se reconnaissant pécheur, en demandant pardon à Dieu.

Il est souhaitable de confesser ses péchés véniels. Tout en sachant et en enseignant que les péchés véniels sont pardonnés aussi par d’autres voies - on peut penser aux actes de contrition, aux œuvres de charité, à la prière, aux rites pénitentiels (comme en début de messe) - l’Église ne cesse de rappeler à tous la richesse singulière de l’acte sacramentel, même par rapport à de tels péchés.

4. Origine de la distinction entre péché mortel et péché véniel

La distinction entre péché mortel et péché véniel n’existe pas explicitement dans l’Écriture. Cependant saint Jean parle d’un péché qui conduit à la mort et l’oppose à un péché qui ne conduit pas à la mort (1 Jn 5,16-17). Dans l’Église primitive, on distingue trois péchés particulièrement graves : l’adultère, l’apostasie et l’homicide.

L’Église catholique classe le péché en deux catégories, le péché mortel et le péché véniel. Depuis le Moyen Âge, on distingue le péché véniel et le péché mortel. La distinction entre péché mortel et péché véniel s’est imposée dans la tradition de l’Église avec la théologie de saint Augustin.

5. Les péchés capitaux

Il importe de ne pas confondre les péchés capitaux, les péchés mortels et les péchés graves. Ils sont nommés capitaux parce que ce sont d’eux que découlent les autres. Les péchés capitaux ne sont pas les plus graves, mais ceux qui sont à l’origine de tous les autres..

6. Les sept péchés capitaux selon l’Église Catholique

La liste des sept péchés capitaux dans le christianisme est : Avarice - Colère - Envie - Gourmandise - Luxure - Orgueil - Paresse.

Origine de la liste des péchés capitaux : cette liste a été ébauchée au IV° siècle en Égypte (cf. documents).

7. les sept péchés capitaux dans l’Islam

Une liste des sept péchés capitaux existe dans l’Islam : idolâtrie, meurtre, sorcellerie, usure, prise des biens de l’orphelin, la désertion, la fornication des femmes croyantes.

Une autre liste des sept péchés capitaux dans dans l’Islam est : l’apostasie ; la magie, la sorcellerie, l’astrologie, la loterie, les jeux de hasard.

Documents sur la gravité du péché, le péché mortel et le péché véniel

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